Relance: les ratés du moteur franco-allemand
C’est l’axiome de la construction européenne. L’Union européenne ne peut avancer que mue par le moteur franco-allemand. Si celui-ci tousse, c’est l’Europe qui se grippe. L’expérience n’a cessé de le démontrer. Ce qui était vrai hier l’est plus encore aujourd’hui. La mauvaise entente entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel mine le plan de relance que l’Union des 27 est supposée adopter au prochain Conseil européen pour tenter de pallier une récession qui menace le vieux continent.
Bruxelles a concocté un plan de 200 milliards représentant 1,5 % du produit intérieur brut (PIB) des vingt-sept Etats membres (170 à la charge des membres et 30 milliards fournis par l'Union européenne (UE) se composant de 14,4 milliards pris sur le budget de l'UE et de 15,6 milliards apportés par la banque européenne d'investissement (BEI). Non seulement ce plan est jugé trop faible au regard de la gravité de la crise mais il apparaît que les mesures proposées par les Etats ne sont ni coordonnées ni à la hauteur des demandes formulées par la Commission.
Berlin estime avoir déjà dépassé les attentes de l’Exécutif européen en adoptant des mesures pesant au total 32 milliards d’euros soit 1,3% du PIB allemand pour soutenir la conjoncture. L’Allemagne n’entend pas aller au-delà avant d’avoir pu vérifier au début de l’année prochaine la pertinence de ces mesures.
La France a mis sur la table 22 milliards d’euros pour les PME débloqué par les banques et par Oséo ( la banque des PME) et a présenté un plan de relance de 26 milliards d’euros consacré essentiellement au logement choisissant de soutenir l’offre plutôt que la demande.
A l’inverse, la Grande Bretagne privilégie le soutien à la consommation et a décidé de baisser la TVA de deux points. Ce dont ne veut pas entendre parler Berlin et à quoi Paris n’est guère favorable. Londres fait grief à Berlin d’être le bénéficiaire passif des milliards dépensés par ses voisins pour une relance qui profite en dernier ressort aux entreprises exportatrices d’Outre Rhin !
Nicolas Sarkozy a néanmoins choisi, à une semaine du sommet européen, de se rendre à Londres afin d’afficher, en compagnie de Jose Manuel Baroso, sa proximité avec Gordon Brown et son soutien à la politique britannique. Il s’est en revanche contenté d’un coup de fil à Angela Merkel. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Walter Steinmeier, a regretté l’absence de la chancelière allemande à cette rencontre jugeant qu’il « n’était pas bien » qu’elle n’ait pas été invitée à Londres.
Que l’Allemagne défende ses propres intérêts n’est pas douteux. Mais elle le fait à bon droit, elle qui s’est soumise à la discipline européenne en apurant depuis plusieurs années ses déficits budgétaires tandis que Paris jouait les cigales. Croire qu’un axe Paris Londres peut se substituer à l’axe franco allemand est une erreur. L’expérience l’a montré dans le passé. Les faits sont têtus. En l’occurrence, il n’y aura de plan de relance sérieux pour le vieux continent que sur la base d’une entente entre Paris et Berlin. Faute d’un accord de ce type tout le reste est agitation et verbiages.